Après Oruro, nous sommes allés à Cochabamba où nous sommes restés quelques jours. Là bas j'ai vu pour la première fois la misère bolivienne. L'hospedaje où nous logions était situé dans le quartier un peu craignos du terminal de bus, aussi nous croisions à longueur de journée prostituées, laveurs de voitures et autres mendiants ravagés par la maladie et la drogue.
De nuit, nous étions content de nous promener en groupe. Ceci étant dit, aucun d'entre eux n'a montré la moindre agressivité envers nous, mais plutôt une envie constante de nous serrer la main et de nous faire des calins.
Une fois de plus, je suis un peu déboussolé par la situation.
Nous avons un peu visité la ville, puis nous sommes allés directement à la Paz. C'est une sacrée ville: située dans une cuvette, sa partie basse est à 3800m de haut alors que les parties les plus hautes culminent à 4200m! On passe son temps à descendre et à monter, exercice rendu difficile par le manque d'oxygène et -je suppose- la pollution.
Nous avons grimpé jusqu'à un mirador d'où l'on pouvait voir la ville en entier, surplombée au loin par la majestueuse cordillère des andes et ses montagnes couvertes de neiges éternelles. Nous y sommes restés jusqu'à la tombée du jour et nous avons vu peu à peu la montagne se couvrir de points lumineux.
Nous avons ensuite filé vers Copacabana, un village situé au bord du célèbre lac Titicaca. S'y rendre est une expérience assez inédite: à un moment, le bus doit traverser une partie du lac. On nous a donc tous fait descendre, et pendant que le bus effectuait sa traversée sur une sorte de plancher flottant, nous avons tous embarqués dans de petits bateaux en bois qui nous ont emmenés de l'autre côté. Nous avons ensuite retrouvé le bus, et avons pu terminer le voyage.
A Copacabana, nous avons sympathisé avec deux chiliennes et une uruguayenne. Nous avons aussi rencontré dans l'hostel deux frères Argentins, stars de la télévision argentine, qui, le nez empoudré et les yeux hagards, nous ont raconté leur amour pour l'isla del sol.
Ils nous ont donné de nombreux tuyaux pour aller aux meilleurs endroits et payer moins.
Nous avons donc pris un bateau (2h) et avons débarqué sur l'ile, dans la partie Nord, la moins touristique et de fait la plus jolie. Incroyable. Nous avons trouvé un petit hostel perché au dessus du village, aussi de la fenêtre de notre chambre nous avions une vue imprenable sur la plage de sable blanc. Nous avons ensuite marché pendant plusieurs heures jusqu'à la pointe située tout au nord, et nous avons admiré le coucher de soleil sur le lac. Le ciel, soudain rempli de couleurs chatoyantes, enveloppait de violet et de orange les montagnes d'un blanc immaculé.
Nous sommes ensuite rentrés à l'hostel. Au milieu de la nuit, j'ai appris qu'un important mouvement de grève était sur le point de se mettre en place, et que dès le lendemain les routes allaient être coupées. Impossible donc de revenir à la Paz dans les prochains jours.
Problème: j'ai un avion à prendre le 19 à l'aéroport. J'ai donc passé une nuit horrible à me demander comment j'allais m'en sortir, et j'ai finalement décidé de sauter dans le premier bateau qui partait de l'ile à 8h, sous la pluie, et je suis arrivé à Copacabana en fin de matinée.
Par chance, j'ai réussi "in extremis" à attraper le dernier bus qui partait pour La Paz avant un bon moment. Et je suis arrivé à bon port hier soir.
Demain matin à 8h30 je m'envole pour Buenos Aires avec la compagnie locale: Bolivia de Aviacion. J'ai hâte de voir si les avions sont aussi vieux et usés que les bus (il parait que oui). Ce vol signifie pour moi le début de la fin du voyage: oui, l'argent commence à manquer cruellement. J'ai trouvé un Wwoofing près de Buenos Aires dans lequel je vais travailler quelques semaines, histoire de finir sur une note ultra positive et regonfler mes batteries une dernière fois avant de rentrer en France et affronter l'Occident.